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CHANGEMENTS CLIMATIQUES : "CHAQUE CITOYEN PEUT SE SENTIR EN SÉCURITÉ".

Alors qu'une canicule a commencé et qu'elle semble partie pour durer, la rédaction a choisi de faire le point sur le climat et les changements qui ont eu lieu ces dernières années. Pour cela, elle a fait appel aux observations d’Alain Dubost, météorologue sur les ondes d’ Inter-Union, bien connu du grand public. Propos recueillis par Benjamin Maes. 

©Pauline Fargue 


« Nous vivons dans une zone tempérée. Ici, les températures sont toujours supportables. À part l’été dernier... En général l’enchaînement des saisons est plutôt agréable. Cela peut sembler choquant alors qu'une canicule a commencé, mais il est important de ne pas se laisser emporter par l'émotion dans cette affaire. En tant que météorologue, je regarde les choses sur la durée, et c'est un fait : sauf période exceptionnelle et circonscrite comme c'est le cas en ce moment, on ne constate globalement pas de changements brutaux de températures. » Voilà comment le météorologue Alain Dubost, qui exerce depuis près de quinze ans sur Inter-Union, a commencé son entrevue à propos de la situation climatique sur l’ensemble du continent lorsque nous lui avons demandé ce qu’il en était. Ces dernières années, les scientifiques ont multiplié les signaux afin d’attirer l’attention de la population et des médias sur les conséquences du réchauffement climatique. Si celui-ci est effectivement en cours, les paroles du météorologue se veulent toutefois globalement rassurantes. 

Rien d’extrême à proprement parler, mais beaucoup de douceur, y compris en hiver. Or, c’est bien ce qui pourrait être le plus déstabilisant. Désormais, il n’est pas rare de connaître une période de quelques semaines où règne un grand soleil et où il fait bon se promener dehors sans manteau. À tel point qu’en décembre dernier, à quelques jours de Noël, des framboises étaient apparues au bout des branches, dans certaines régions du moins. Des photographies prises par des habitants de ces zones avaient alors circulé, dans les médias et sur les réseaux sociaux, suscitant de vives réactions, de l’amusement à l’étonnement, voire à l’inquiétude. « Ces phénomènes restent exceptionnels mais désormais, on doit s’attendre avec le réchauffement climatique à connaître à nouveau ces épisodes printaniers au cœur de la saison du gel », ajoute Alain Dubost. À l’entendre, une cinquième saison, inconnue et pleine de surprises,  serait en train de naître sous nos yeux. 

Pourtant, quand on l’interroge sur la multiplication des tempêtes, le ton d’Alain Dubost se fait plus grave. Graphiques à l’appui, il nous explique que le nombre des tempêtes violentes qui ont traversé les territoires de l’Union a effectivement augmenté, avec une accélération plus forte encore dans la toute dernière période. Le graphique montre clairement une succession récente exponentielle et de forte intensité : le météorologue nous explique alors qu’on constate un véritable emballement dans la dernière décennie (avec plus de quatre tempêtes annuelles, une année sur deux), alors qu’auparavant la moyenne était plutôt d’une tempête par an. Notons même que l’an dernier, ce n’est pas moins de cinq phénomènes extrêmes qui ont frappé l’Union.  

Que les prénoms sympathiques que les scientifiques leur donnent ne trompent pas : certaines ont été d’une violence telle qu’elles ont charrié dévastation, mort et misère avec elles, détruisant tout sur leur route. Cynthia en est un exemple, dont se souviennent avec angoisse ceux qui ont vécu son passage il y a plus de 20 ans. Les tempêtes, de plus en plus violentes s’avèrent souvent fatales. 

Toujours ces dix dernières années, sur tout le continent, on compte par centaines les foyers qui ont été entièrement détruits. Par ailleurs, dans ces situations de grand danger, ce sont souvent les plus faibles, vieillards, malades et enfants, qui ont été les premières victimes de ces tumultes auxquels ni les infrastructures, ni les populations n’étaient préparées. Dans les zones rurales, des exploitations agricoles se sont retrouvées anéanties en quelques heures. Dans certaines villes, des toits se sont effondrés et des immeubles se sont affaissés. Partout, des éboulements ont provoqué le chaos. Cependant, si ces épisodes sont de plus en plus fréquents, ils ne mettent aucunement en péril le développement économique de l’Union. 

Enfin, si l’on compare les bilans humains et matériels des dernières années avec d’autres zones de la planète, l’Union reste relativement protégée. En Asie, aux États-Unis ou encore en Afrique et dans les zones tropicales, typhons, ouragans, tsunamis et inondations d’ampleur sévissent à  des rythmes jamais atteints auparavant. Au Japon, par exemple, il ne se passe pas un mois sans qu’une tempête traverse le pays. C’est également le cas à Miami, qui vient de connaître une succession de trois cyclones particulièrement meurtriers.  Ces événements font dire à Alain Dubost qu’au regard de ce qui se passe ailleurs, « nous faisons même figure de privilégiés. Et pas seulement parce que nos tempêtes sont moins intenses. Mais songeons également qu’ici, les victimes reçoivent des indemnisations. Ce n’est pas le cas partout dans le monde, loin de là. Elles sont indemnisées par leurs assurances mais aussi par l’Union. Après Cynthia par exemple, il faut savoir que toutes les personnes sinistrées ont été indemnisées au titre des préjudices matériels et moraux qu’elles avaient subis. Mais ce que l’on sait moins, c’est qu’elles ont également pu demander réparation pour le préjudice d'angoisse de mort. C’est unique dans le monde. »

Ainsi, pour Alain Dubost, si nous ne devons en rien minorer les dangers liés au réchauffement climatique, il n’est pas interdit pour autant de se féliciter de naître, travailler et évoluer, dans des lieux où le seul fait d’avoir cru mourir et d’en ressentir les effets - le fameux « choc non-choc post traumatique » - donne droit à des dédommagements. Le météorologue s’est donc voulu rassurant. Mais aussi philosophe : « malgré notre condition humaine, avec ses aléas, ses accidents, nous a-t-il dit au terme de notre entretien, chaque citoyen peut ici se sentir en sécurité, protégé et accompagné. Il en a toujours été ainsi et ce n’est pas prêt de changer. »